28 septembre

A nouveau ce matin la place est vide, les bêtes viennent de rentrer ! Luc a tenté des photos. Elles sont noires mais en y regardant de plus près….Nous partons un peu dégoûtés et passons par nos anciens sites. Un cerf traverse la prairie (où je me suis souvent tapie pour les observer), la haie, la route et s’enfonce dans le bois. C’est décidé, ce soir j’y reviens !

Cerf élaphe (Cervus elaphus)

A la nuit tombée nous sommes en poste, chacun devant une prairie à un kilomètre à vol d’oiseau l’un de l’autre !

Luc caché dans un roncier observe un cerf qui déambule devant lui. Ensuite un joli brocard terminera sa séance d’affût.

Brocard (Capreolus capreolus)

Pour ma part, depuis ma cachette, j’entends plusieurs brames depuis les bois qui cernent la prairie. Le soleil se couche, la lune se lève presque ronde dans le ciel livide. La lune, la nuit, la nature, le brame… Une bouffée de joie m’envahit ! J’ai l’impression d’être à ma place, j’ai conscience de mon animalité, d’être un élément de la nature. Rapidement le soir s’installe et la température fraichit.

 Une biche finit par se poster à l’orée, elle surveille les alentours avant de se décider à venir brouter l’herbe toute neuve juste poussée depuis les dernières pluies. Un cerf la suit. Il brame silencieusement… pas envie de se faire remarquer des autres brailleurs ? Il se colle à la biche qui n’a pas l’air de le rejeter comme d’habitude. Elle continue à brouter, lui à bramer silencieusement… A plusieurs reprises il s’approche de la femelle qui ne met pas beaucoup de détermination à s’éloigner.  Va-t-il la saillir ? Je les scrute depuis ma visée, il fait déjà fort sombre et à l’œil nu ils se confondent avec la haie. Je suspends ma respiration, espère ce moment tant attendu que je n’ai vu que de très loin l’année passée. Bingo ! Le cerf se dresse, couvre la biche et la saillie brève mais violente a lieu ! Le doigt sur le déclencheur, j’accumule les clichés. Dans un dernier coup de reins, l’animal se redresse brutalement en renversant la tête vers l’arrière et termine l’accouplement. Là, il brame longuement, fortement. Il a assuré sa descendance! .... La biche s'est remise à brouter !

Je ne vois quasi plus rien ! Le cœur battant je m’efface sans bruit et laisse les bêtes à leurs amours ! Je jubile !