20
avril
Nous
l’avions laissé sur sa branche la semaine dernière, nous le retrouvons au même
endroit ce matin. Il sommeille, se réveille, s’étire… pour notre plus grand
plaisir ! Un deuxième cincle surgit, pousse un petit cri et hop les voilà
partis, filant tous deux au ras de l’eau.
La
rivière glougloute joyeusement, le soleil rit dans le ciel, seul le vent du
nord jette un froid sur cette belle matinée. D’ailleurs les anémones sylvie
sont toutes fermées, recroquevillées sous cette bise glaciale.
Nous
déambulons lentement le long de la rivière. Le printemps explose les bourgeons
et pare les arbres de minuscules feuilles d’un vert tendre. Des tapis de jeunes
orties s’étalent sous les hampes séchées de celles de l’année passée. C’est le
moment de faire de la soupe !
Pendant
que Luc traque la gente ailée (ça gazouille de partout), je me consacre à
toutes ces fleurettes qui profitent de la lumière printanière pour s’épanouir.
Pétasite officinal (Petasites officinalis)
Primevère élevée ou Coucou des bois (Primula eliator)
Dorines à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium)
Anémone fausse renoncule (Anemone ranunculoides)
Tapis jaunes et verts de dorines, d’anémones, de primevères… au milieu
desquelles je retrouve ce plan de Clandestines écailleuses, cette plante
parasite (elle extrait les substances nutritives des racines des plantes-hôtes
à l’aide de suçoirs) blanchâtre teintée de rose sans feuille verte ni
chlorophylle. Fleur rare qui pousse au bord des cours d’eau. Son rhizome peut
peser jusqu’à cinq kilos ! Elle fleurit pour la première fois après dix
ans de végétation.
Je la
mitraille !!! Je découvrirai un autre plan caché sous un tapis d’anémones
fausses renoncules.
Quel
bonheur que de me retrouver allongée sur la terre, le nez dans les fleurs, le
chant de la rivière en bruit de fond.
La
bernache couve sur l’îlot derrière moi. Son compagnon posté à quelques mètres
surveille les environs.
L’ail
des ours est en bouton, dans quelques jours les jolies fleurs blanches
s’épanouiront et parfumeront tout le sous-bois !
La
Gagée jaune (encore une fleur rare) a disparu…. J’en retrouve quelques plants à
moitié dévorés !
Une
bergeronnette des ruisseaux sautille le long de la berge, Luc lui emboite le
pas. Un pinson se joint à eux tandis que pouillots, troglodytes et mésanges
volètent joyeusement au-dessus de nos têtes.
Bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea)
Pinson des arbres (Fringilla coelebs)
Pouillot fitis (Phylloscopus trochilus)
Durant
notre pique-nique (au soleil et à l’abri du vent : mmmmm) nous apercevons
le cincle qui de sa branche fétiche plonge dans la rivière et ramène dans son
bec des larves qu’il transporte hors de notre vue sur l’autre rive. Y aurait-il
un nid ? Des jeunes ?
Luc s’installe à l’affut.
.
Pour
en avoir le cœur net, je contourne le site et me poste tapie dans le sous-bois,
sur l’autre berge afin d’essayer d’apercevoir l’endroit où il disparaît avec
son précieux chargement.
En
face de l’oiseau et de sa fameuse branche, une bâtisse en pierre du pays abrite
une "mini" centrale électrique alimentée par la rivière. Très vite j’aperçois le cincle. Il entre sous l’édifice pour en
ressortir quelques secondes plus tard. Il doit y avoir caché son nid. Au moins,
là, est-il à l’abri des prédateurs ! Le couple s’active, pêche et effectue
des va et vient rapides.
Les
laissant à leur travail, je m’installe plus loin. Tout est calme. Le soleil
chauffe et pare la rivière de reflets argentés. Je suis bien. Je contemple.
Pissenlit officinal, Dent-de-lion (Taraxacum officinale (T. dens-leonis))
Punaises
Anemone sylvie (Anemone nemorosa)
Corydale à bulbe creux (Corydalis cava)
Ficaire (Ranunculus ficaria)
Très
vite les cincles se manifestent. Il y a de l’amour dans l’air ! Les
oiseaux se poursuivent, modulant de petits gazouillements liquides. Ils suivent
une sorte de circuit, entament leur virage juste devant moi, passant parfois au
ras de ma tête s’invectivant joyeusement. Je reste immobile sous mon camouflage
savourant cette proximité. Leurs trilles joyeuses résonnent dans l’air frais.
Très excités ils se posent parfois une seconde sur une branche ou sur une
pierre pour repartir tout aussi vite !
C’est
au tour du martin pêcheur de passer à toute allure, au ras de l’eau. Un second arrive, se pose un quart de seconde,
plonge et … s’envole ! Frustration !!!!!
La
rivière retrouve son calme à nouveau. Luc m’a rejoint, il n’y avait plus
d’activité non plus à son poste. Se reposent-ils ?
Le
vent souffle fort mais ici, au ras du sol, sous nos filets, nous sommes à
l’abri. Le soleil chauffe, nous avons bon ! Si seulement les oiseaux
pouvaient revenir !
Mais
à part un colvert et un troglodyte, nous ne voyons rien d’autre.
Avant
de rentrer, je me coule dans la végétation urticante et tire quelques clichés
du cincle revenu sur sa branche. Avant qu’il ne s’envole vers son nid et … que
nous fassions de même !
Encore que
vite, avant de partir je photographie le premier plant de cardamine des prés de
cette année ! L’aurore (le papillon inféodé à cette fleur) va bientôt
apparaître !
Cardamine des prés (Cardamine pratensis)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire