16 février
La rivière, gonflée par le dégel
et les pluies de l’hiver, bouillonne. Tumultueuse, elle gronde et résonne dans
le calme du bois.
Stalactites
Mousse
Assise au milieu d’un bouquet d’arbres moussus, sur une berge
escarpée, j’attends. Quelques rochers, maculés de fientes émergent de l’eau
trahissant le passage du cincle. Dissimulée sous les filets de camouflage, j’espère
qu’il va venir s’y poser. Luc est installé plus en aval.
Le bruit sourd de l’eau emplit
toute l’atmosphère. Je suis dans une bulle de rivière, hypnotisée par ses
remous. Le temps passe. Pas de cincle. Juste un héron qui se pose au sommet
d’un sapin. Grondement des flots, odeur
puissante d’humidité, d’humus, je ne fais qu’un avec mon environnement. Le dos
calé contre un tronc j’attends, j’espère. Je commence tout doucement à me
refroidir.
Il vient de passer ! A toute vitesse, sans s’arrêter. Le temps de m’en rendre compte, il revient, se pose un quart de seconde sur la pierre et repart. Frustration ! Il passe encore au ras de l’eau, dans un sens puis dans l’autre. Ils sont deux. Un couple sans doute. Puis plus rien. Rien que ce bruit et cette humidité qui m’enveloppe, me pénètre, me remplit. J’appartiens à la rivière, je deviens végétale, minérale…
Deux bonnes heures plus tard nous
abandonnons notre affût. Luc n’a pas eu plus de chance que moi. Il les a vus et
bien vus, posés sur une branche, mais entre lui et eux, un gros bouquet
d’herbes sèches rendait toute photo impossible.
Nous partons en billebaude, cela
nous réchauffera. Une bande de tarins s’est abattue sur les aulnes dont ils se
nourrissent des fruits bruyamment. D’un coup ils s’envolent : une buse
plane sur le bois. Les colverts décollent à leur tour : six kayakistes
débouchent, filant dans le courant.
Tarin des aulnes
Plus loin nous dénichons notre
couple de cincles. S’ensuit une longue et prudente approche ponctuées de
quelques photos et de belles observations.
Couple de cincles plongeurs
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