samedi 23 août 2014


27 juillet


Une brume opaque enveloppe le massif de Saint Hubert. Un silence épais nous accueille à notre sortie de voiture, ponctué ça et là de quelques cris d’oiseaux. Nous nous glissons furtivement dans l’observatoire et attendons. Il est six heures. Le brouillard nous limite la vue. Des effluves de bois, de terre, de végétation mouillée montent jusqu’à nous. Pas un souffle de vent. Seul, les grèbes castagneux, sur l’étang, vont et viennent, petits points minuscules dans cet environnement cotonneux. Quel calme ! Quelle paix ! Quelques mésanges volettent dans les branches basses des grands hêtres qui nous entourent.

 Rouge gorge famillier (Erithacus rubecula)


 Mésange charbonnière (Parus major)


 Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes)



Une fauvette alarme, un rouge-gorge lui répond. Un ramier lance ses cinq notes monotones dans l’air humide. Ah si ce brouillard voulait bien se lever.

jeune rouge gorge



Là, j’aperçois un dos…. Un chevreuil. Il déambule dans les hautes herbes où il disparaît englouti par la brume. Impossible de le photographier.
Le brouillard s’épaissit encore, nous limitant d’autant plus la vue. Dire que nous nous sommes levés à quatre heures ce matin pour cette opacité ! En même temps, je ne regrette rien tant il fait paisible et harmonieux dans cette forêt.
La rivière glougloute, invisible dans son lit végétal. Parfois un craquement attire notre regard… mais rien n’apparaît encore. 

Quand le brouillard daigne relâcher un peu son étreinte, je fouille des jumelles l’espace devant moi et aperçois tout d’un coup un sanglier qui trottine au milieu des fougères et s’enfonce sous les sapins.
Encore une fois : trop loin, trop furtif ! Grrrrr !

La brume va et vient. Tantôt elle ouvre notre champ de vision, tantôt elle le referme. Dès que le paysage se dévoile un peu nous scrutons taillis, arbres et zones dégagées à l’affût du moindre mouvement, de la moindre « tache » suspecte. Sur notre droite, un pic noir lance son cri caractéristique. C’est ensuite une buse qui miaule dans notre dos. La vie foisonne autour de nous mais … très discrète !
Tout-à-coup un chevreuil aboie. Nous le découvrons qui courre dans les hautes herbes. Que fuit-il ? Il lance encore quelques aboiements rauques depuis le bois de sapin mais ne se montre plus. Pourtant quelques instants plus tard, il sort du bois sur notre droite. Calmé, il progresse en broutant de ci, de là une touffe d’herbe mouillée.

Chevreuil (Capreolus capreolus)






La famille castagneux pêche sur l’étang. Le brouillard s’est levé mais le ciel reste laiteux. Tout est calme, rien ne bouge. Cela fera bientôt trois heures que nous sommes là.
Le soleil perce enfin la brume par instant. Quelques flaques d’une lumière dorée apparaissent. Quel bonheur ! Le chevreuil repasse dans l’autre sens. Il se découpe bien sur cet espace fauché récemment.

 Grèbes castagneux (Tachybaptus rufficollis)







 Digitale pourpre ( Digitalis purpurea)

???? Nous ne sommes pas doués pour la détermination des champignons! :0{

Perchés au sommet de la tour Priesse, nous découvrons la vaste zone de quiétude, semée de mares, de bosquets de sapins, de quelques buissons. Au loin, les moutons qui contribuent à l’entretien du site paissent paisiblement. La rivière dévale joyeusement la prairie à nos pieds. Dans les hauts sapins qui nous entourent rouge-gorge, mésanges et roitelets volettent en tout sens. A nous de les attraper !

 Observatoire de Priesse


 Rouge gorge



 Mésange noire (parus ater)






















Pipit des arbres (Anthus trivialis)

Pour changer, je m’offre une petite balade le nez au ras des pâquerettes.


 Tristan (Aphantopus hyperantus)

 Hespérie de la Houque (Thymelicus sylvestris)














 Procris (Coenonympha pamphilus)

 Piéride du navet (Pieris napi)









 Agrion jouvencelle (Coenagrion puella)

 Jeune pouillot (?)

 Satyre puant (Phallus impudicus)




 Nous retrouvons notre observatoire du matin en milieu d’après-midi. Un martin-pêcheur se perche sur l’arbre mort au milieu de l’étang. Des bergeronnettes des ruisseaux attendent qu’il s’en aille pour s’y poser à leur tour. Des grosses libellules se poursuivent au-dessus de l’eau. Une buse miaule. Régulièrement les jeunes castagneux se poursuivent dans de grandes éclaboussures.




Durant de longues minutes plus rien ne bouge. Le soleil écrase la lande d’une lumière dure. Un pic vert passe en vol. Un geai le croise. Une grenouille croasse… on s’assoupirait bien bercés par cette atmosphère tranquille quand tout-à-coup, sans un bruit, une biche sort du bois et broute l’herbe sèche.
Régulièrement elle lève la tête et tend les oreilles dans notre direction. Elle ne peut nous voir mais entend peut-être nos déclencheurs… Non, car rassurée, elle se remet à paître. Une autre bête la suit, passe la tête mais ne sort pas des sapins. Une dizaine de minutes plus tard, la biche retourne à couvert et se soustrait à notre vue.

Biche (Cervus elaphus)






Nous reprenons notre attente silencieuse. Après un long moment de torpeur, le matin pêcheur se pose au sommet d’une branche fine plantée dans l’eau. Il scrute la surface et plonge subitement pour aller se poser un peu plus loin. Quelle rapidité !

Martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis)





 












Doucement le soleil descend sur l’horizon et l’ombre envahit petit-à-petit la plaine devant nous. A l’orée du bois par contre, la lumière est parfaite. Il y manque juste un animal !
Mais … en voilà ! Il s’agit d’une grosse laie accompagnée de deux ou trois bêtes rousses et d’une série de six marcassins !

Une fois à découvert la femelle lève le groin, hésite, puis traverse au petit trot toute la prairie suivie de toute sa petite famille. Ils disparaissent sous les arbres mais nous retrouvons la laie à la sortie du bois dans les hautes herbes. Le reste de la compagnie est invisible, sans doute cachée par la hauteur de la végétation.

 Sanglier (Sus scrofa)























Les ombres s’allongent, la lumière faiblit. Cela fait treize heures que nous sommes là à scruter, observer, contempler ce coin de nature au milieu de ce massif forestier. Journée de quiétude, de calme, de ressourcement. Mais ce n’est pas fini. C’est une buse (ou une bondrée ?) qui maintenant vient se poser sur les hauts arbres devant nous.

 Buse variable (Buteo buteo)









Les bergeronnettes se poursuivent. Le martin entame la toilette minutieuse de son beau plumage coloré.
La température fraîchit. Le soleil s’est couché ou du moins il n’éclaire plus la plaine devant nous. Mais voilà un chevreuil qui sort de la haie et s’avance vers le bord de l’étang. Des cris d’enfants le font hésiter. Prudemment il regagne l’abri des arbres pour ressortir juste devant nous ! Il émerge d’un buisson et traverse calmement l’espace découvert devant l’observatoire. Magnifique !




















En une fois le vent se lève et secoue la hêtraie. L’eau se plisse, la forêt  chante ! Le vent s’engouffre par les ouvertures de notre affût Je remonte la fermeture éclair de mon polaire. Il est vingt et une heure ! 


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