26-27-28
avril
Il
pleut. Droit. Dru. Assise dans un canoë
sur l’étang de Virelles, le sac au dos, je pagaye. Les hirondelles frôlent
l’eau à nos côtés dans un élégant ballet aérien. Six grandes aigrettes
décollent dans un froufrou d’ailes, des canards nous survolent bruyamment.
Magique. Tout est calme, paisible. Dommage cette pluie, je suis déjà trempée
avant même d’avoir commencé l’aventure.
Hirondelle rustique (Hirundo rustica)
Le but de ce début de week-end :
une nuit en solitaire dans les bois. Nous accostons et nous enfonçons dans la
forêt. Le groupe est silencieux, nous marchons vers l’inconnu.
Il
doit être aux environs de 21h30. Je suis installée dans mon bivouac, sous ma
bâche sur laquelle la pluie tambourine doucement. Tout est calme. Enfin, sauf
tous les bruits de la forêt : oiseaux, canards (l’étang n’est pas loin),
et, toutes sortes de sons indéterminés… Des animaux ? Je ne sais pas. La
nuit est tombée et je ne vois que la silhouette des arbres qui se détachent sur
le ciel sombre. Je retrouve mon âme d’enfant, dans ce « camp »
improvisé. Je ne vois pas les autres mais sais qu’ils ne sont pas très loin.
Dans l’obscurité, couchée dans mon sac,
j’écoute…
La
pluie légère sur la bâche au-dessus de ma tête : j’adore ! Les
foulques et autres canards sur l’étang : sonores, et puis la nuit… ça
craque de partout ! Mais très vite le froid m’oblige à m’enfoncer dans mon
duvet. C’est mon cœur que j’entends battre maintenant. Je suis bien. Un peu
excitée par l’expérience mais très heureuse d’être là sous ces arbres.
Six
heures. Un air de flûte m’indique qu’il est temps de tout remballer… le petit déjeuner
nous attend ! La nuit fut calme. Du fond de mon sac de couchage je n’ai
pas entendu grand-chose. J’ai relativement bien dormi, je n’ai pas eu froid.
Entre deux sommes je contemplais la cime des arbres se reflétant sur le ciel et
la lune en transparence dans les nuages. Il ne faisait pas si sombre que
ça !
Un
solide petit déjeuner autour d’un feu, du thé brûlant et nous voilà prêts à
réembarquer ! Ce trajet en canoë : quel plaisir ! Le silence, le
calme, les oiseaux… Un bruant des roseaux chante au sommet d’un phragmite, les
hirondelles rasent l’eau, les canards décollent ou amerrissent. Quelle
quiétude, quelle plénitude !
Après
une journée bien chargée, le soir me trouve fatiguée, assommée par ce
jour au grand air ! Pour cette deuxième nuit nous avons le choix :
gîte, cabane dans les arbres…. Je décide de renouveler l’expérience et de
dormir à nouveau à la belle étoile. Je suis la seule, les autres préfèrent les
bâtiments par crainte du froid. Je
cherche l’emplacement qui va me convenir : à l’abri de ce vent du nord qui
souffle fort, une bonne couche de feuilles mortes pour préserver mon dos… Un
tronc mort, couché dans l’humus, voilà l’emplacement rêvé ! J’installe mon
bivouac collé à ce bois qui me protège
de cette bise glaciale. Je suis seule car les autres sont occupés de l’autre
côté du site. J’étais trop fatiguée pour les suivre. Je me coule dans mon
duvet. Le vent secoue les arbres au-dessus de moi. Je retrouve cette délicieuse
sensation de bien-être profond, accueillie par la terre, protégée par les
arbres, confortablement installée grâce à cette couche d’humus. La nuit est
tombée. Les oiseaux se taisent les uns après les autres. Mais je n’ai pas le
temps de savourer plus longtemps ce moment, le sommeil m’emporte. Je suis
réveillée neuf heures plus tard par le chant des oiseaux ! J’ai vaguement
entendu, cette nuit, au moment de me retourner, que le vent soufflait fort mais
à chaque fois j’ai replongé aussitôt dans les bras de Morphée ! Quelle
bonne nuit ! Je savoure ce petit matin, bien au chaud, douillettement
lovée dans mon sac. Un écureuil joue dans les branches hautes. Un couple de
geais bâtit son nid au milieu d’une touffe de lierre. Ils m’ignorent, je fais
partie de leur monde. A mon tour j’appartiens au bois. Jubilation. Bonheur profond.
Qu’est-ce que je suis bien !
De
son côté, Luc a prospecté la campagne près de la maison, samedi en fin de
journée. Il a rencontré quelques traquets motteux, trois quatre bergeronnettes
grises, une des ruisseaux, des corneilles….
Bergeronnette grise (Motacilla alba)
Bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea)
Corneille noire (Corvus corone corone)
Dimanche
il rejoint le site de Virelles, se poste en affût pour tenter de saisir les
chevaliers guignettes qui se tiennent discrets sur les rives de l’étang. De sa
cachette il verra les habituels canards, fuligules, ouettes, mais aussi une
bagarre de bernaches et …. un canoë qui rentre d’un dernier périple sur
l’étang ! ;0)
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