19 septembre
Il fait toujours nuit quand nous arrivons sur place.
Quelques brames sporadiques s’élèvent dans le noir. Le temps de s’équiper et un
rugissement se fait entendre derrière nous. Le gros pépère doit se trouver dans
l’assec derrière nous, à cent mètres, dans la propriété. Son raire rauque,
puissant est impressionnant dans le noir. D’autres brames lui répondent, plus
loin. Nous avançons le plus discrètement possible sur cette terre sablonneuse. Arrivés
sur la crête, sur l’immense prairie qui jouxte l’assec, nous distinguons assez
loin un cerf qui brame légèrement avant de disparaître dans le bois au petit
trot.
Luc continue sa route, je décide de rester. Bien m’en a
pris car très vite je devine la silhouette de quelques biches et faons suivie
de celle du cerf. Mais il fait encore sombre. Le jour peine à se lever. Un
voile nuageux masque la lumière naissante et des écharpes de brumes flottent au
ras de l’herbe. C’est l’heure bleue !
Petit-à-petit j’aperçois la harde qui courre dans tous les
sens talonnée par le maître des lieux. Il rassemble son harpail composé de
douze bêtes. Il a fort à faire car les biches, nerveuses, s’égaillent dans tous
les sens leurs faons collés à leurs basques. Le coiffé les poursuit et les
enjoint à regagner le troupeau. Il les réunit tout en lançant de longs brames
rauques.
Même si la lumière monte en puissance, la grisaille reste
de mise et la brume enferme la harde me la soustrayant au regard en grande
partie. Difficile de faire de bonnes photos dans ces conditions mais, quel
spectacle !
Les biches enfin rassemblées, apparaissent sur la scène,
trois jeunes cerfs qui guignent les femelles. Ils tentent de s’approcher au
grand dam de notre seigneur et maître qui se lance au galop à leur
poursuite ! Il les pourchasse ! Deux rejoignent le bois mais un
entêté continue à tourner autour des biches. Mais trop jeune pour en découdre
avec notre pépère, il tient ses distances.
Sur ces entre-faits les biches en ont profité pour s’égayer
et l’obligent à recommencer son travail de rassemblement. Du coup le jeune six
cors se rapproche subrepticement mais le patriarche a l’œil à tout et se
précipite pour chasser le jeune impudent ! Un raire long et puissant salue
sa victoire au moment où le jeunot fuit dans le bois. Mais pas le temps de
savourer ce succès, il doit tout de suite repartir derrière ces femelles toujours
aussi nerveuses !
La brume s’estompe, le jour encore laiteux s’affirme. Notre
grand cerf rassemble ses ouailles et les entraîne au petit trot sous le couvert protecteur du bois pour la
journée. Quel moment !
Cygne tuberculé (Cygnus olor)
Luc, pendant ce temps, passe un moment en tête à tête,
successivement avec trois cerfs ! Ils le combleront d’un beau
récital ! Mais là, aucune biche !
Pour ma part je rejoins une longue prairie où résonnent de
gros raires. Je l’aperçois au loin. Seul, il rée le mufle tendu vers le ciel,
de la buée jaillissant de ses naseaux. D’autres, invisibles, lui répondent.
Mais petit-à-petit les brames diminuent. Le jour est maintenant bien levé. Le cerf regagne doucement le bois où quelques
biches l’attendent en lisière.
Bord d’étang. Le martin se pose sur un bout de bois, scrute
tout autour de lui et plonge subitement ! Il émerge, un petit poisson dans
le bec. Il vient l’assommer sur le bois. Il le claque à plusieurs reprises sur
le tronc, le lance et l’avale.
Il recommence ce manège trois fois avant de filer au ras de
l’eau en lançant son cri aigu.
Au bord de la roselière, un râle d’eau hésite. Traverse ou
pas ? Il finit par s’élancer et coure se réfugier soue un touradon. Une
troupe de spatules survole le site.
Râle d'eau (Rallus aquaticus)
Spatules blanches (Platalea leucordia)
Autre étang. Tout est calme. Une bande de foulques picore
la grève. Au milieu des nénuphars, un jeune crabier se déplace de feuilles en
feuilles. Un peu plus loin un deuxième crabier fait de même. Ils sont quasi
invisibles au milieu de cette végétation !
Crabier chevelu (Ardeola ralloides)
Une cigogne blanche se lisse les plumes au bord de l’eau.
Elle a été soignée et relâchée par la réserve parait-il. Une aigrette garzette
la rejoint. Un martin se pose une seconde et file au loin. Un balbuzard pêcheur
passe….
Aigrette garzette (Egretta garzetta)
Grèbe huppé (Podiceps cristatus)
Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)
Au soir, nous allons sur un site réputé en saison de brame.
Des brames, oui nous en entendons mais aucun cerf ne sort et beaucoup de monde
stationne le long des chemins… ce n’est pas ce que nous cherchons !
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