mercredi 12 octobre 2016


17 septembre

Réveil 6h. Départ 6h30. Nuit noire….les vacances commencent !

La Brenne est rousse, brûlée, desséchée. Beaucoup d’arbres ont déjà perdu toutes leurs feuilles qui forment sur le sol un tapis roux, odorant, craquant. Même les ronces qui s’agrippent aux haies sont fanées. Il n’y a que les prunelliers pour garder un peu de vert.




Nous progressons silencieusement sur le chemin, goûtant cette atmosphère automnale. Quelques brames résonnent dans la brande. Luc s’installe dans une haie, moi dans une autre. Il voit deux chevreuils traverser la prairie qu’il surveille. Depuis la mienne j’aperçois quelques cerfs et daguets sur un assec, loin.

 Cerfs élaphes (Cervus elaphus)






Je repars en billebaude et retrouve ces chemins tant de fois parcourus au fil des années. Et bien m’en a pris car je croise la route d’un beau cerf qui s’enfonce sous la futaie. Juste le temps d'un échange de regards.....





Le niveau de l’étang a été abaissé pour permettre l’émergence de vasières et attirer les limicoles en passage migratoire. Quelques bécassines ont d’ailleurs pris possession des lieux et sondent l’eau peu profonde de leur long bec à la recherche de leur nourriture.

 Bécassine des marais (Gallinago gallinago)







Aigrettes et hérons viennent tour à tour pêcher devant nous, alors que libellules et papillons volettent dans la végétation.

 Tircis (Oararge aegeria)

 Lézard des murailles (Podarcis muralis)

 Piéride de la rave (Pieris rapae)

 Cuivré commun (Lycaena phlaeas)


 Sympétrum sanguin (Sympetrum sanguineum)

 Héron cendré (Ardea cinerea)



 Leste brun (Sympecma fusca)



 Aigrette garzette (Egretta garzetta)



En soirée nous retournons aux mêmes endroits que ce matin, baignés par une jolie lumière dorée. Luc a retrouvé sa haie moi je me suis installée dans l’herbe devant cette longue allée qui mène à l’assec. Assec bien fréquenté car j’y verrai, de trop loin, hélas, une belle harde d’une quinzaine de bêtes.

 Étang en assec

 Balbuzard pêcheur (Pandeon haliaetus)





Luc par contre…. Mais je lui laisse vous raconter….

Première sortie pour le brame de cette année, premiers espoirs … Je m’installe donc dans un secteur qui m’a réussi les années précédentes. Bien abrité dans une haie, dissimulé sous mes filets de camouflage,  je démarre cet affût avec d’anciennes images plein les yeux.
Le soleil encore bien présent en ce début de soirée écrase de lumière la prairie qui s’étire devant moi. Perdu dans mes pensées, je n’ai pas vu un premier cerf entrer dans le pré. Un solide 12 cors qui se dérobe très vite à mon regard. Zut ! Quelques clichés seulement …



L’attente recommence mais c’est mon jour de chance ! Moins d’un quart d’heure plus tard, un second cerf apparaît. Portant 12 également, il m’offre un beau spectacle de brame, se frottant vigoureusement les bois dans les hautes herbes et parant sa ramure de guirlandes végétales.









Quelques instants après s’être couché au coin de la prairie, il se redresse et semble se diriger vers moi. Je suis des yeux le regard qu’il porte brusquement sur sa droite … Le 1er cerf est sorti du bois lui aussi ! Deux 12 cors dans la même praire et cela se passe face à moi, je n’en crois pas mes yeux !
Pas de rapprochement, pas de combat en vue. Dommage ! Mais je n’ai pas le temps d’avoir des regrets. Mes deux protagonistes s’approchent de moi et l’un d’eux semble très intéressé par la masse informe de mon filet de camouflage. Je suis à bon vent, il ne peut me sentir. Peut-être un reflet sur la lentille de mon objectif attise-t-il sa curiosité …
Je n’en mène pas large. Ce n’est pas le cas mais j’ai l’impression de sentir son souffle sur moi.
L’adrénaline court dans mes veines. Chacun des déclenchements successifs qui remplissent ma carte mémoire correspondent à un pas en avant de la bête. Elle est à 20 mètres, à 15 mètres ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Mon angoisse est à son paroxysme lorsqu’il se penche vers moi, me présentant ses bois sans me perdre du regard. J’ai le souffle coupé mais je l’ai à l’œil moi aussi. Il ne gratte pas le sol, il est curieux mais pas agressif.













Il se redresse et brame.
Distrait par son congénère qui inquiet se déplace dans la prairie, il s’éloigne de moi.











Les deux cerfs quittent alors l’endroit au petit trot me laissant sous le coup de l’émotion.
Un quart d’heure plus tard, mes mains tremblent encore lorsque je manipule mon boîtier pour montrer les photos à Dominique.

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