27 juillet
Une brume opaque enveloppe le
massif de Saint Hubert. Un silence épais nous accueille à notre sortie de
voiture, ponctué ça et là de quelques cris d’oiseaux. Nous nous glissons
furtivement dans l’observatoire et attendons. Il est six heures. Le brouillard
nous limite la vue. Des effluves de bois, de terre, de végétation mouillée
montent jusqu’à nous. Pas un souffle de vent. Seul, les grèbes castagneux, sur
l’étang, vont et viennent, petits points minuscules dans cet environnement cotonneux.
Quel calme ! Quelle paix ! Quelques mésanges volettent dans les
branches basses des grands hêtres qui nous entourent.
Mésange charbonnière (Parus major)
Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes)
Une fauvette alarme, un
rouge-gorge lui répond. Un ramier lance ses cinq notes monotones dans l’air
humide. Ah si ce brouillard voulait bien se lever.
Là, j’aperçois un dos…. Un
chevreuil. Il déambule dans les hautes herbes où il disparaît englouti par la
brume. Impossible de le photographier.
Le brouillard s’épaissit encore,
nous limitant d’autant plus la vue. Dire que nous nous sommes levés à quatre
heures ce matin pour cette opacité ! En même temps, je ne regrette rien
tant il fait paisible et harmonieux dans cette forêt.
La rivière glougloute,
invisible dans son lit végétal. Parfois un craquement attire notre regard… mais
rien n’apparaît encore.
Quand le brouillard daigne relâcher un peu son
étreinte, je fouille des jumelles l’espace
devant moi et aperçois tout d’un coup un sanglier qui trottine au milieu des
fougères et s’enfonce sous les sapins.
Encore une fois : trop loin,
trop furtif ! Grrrrr !
La brume va et vient. Tantôt elle ouvre notre champ de vision, tantôt elle le referme. Dès que le
paysage se dévoile un peu nous scrutons taillis, arbres et zones dégagées à
l’affût du moindre mouvement, de la moindre « tache » suspecte. Sur
notre droite, un pic noir lance son cri caractéristique. C’est ensuite une buse
qui miaule dans notre dos. La vie foisonne autour de nous mais … très
discrète !
Tout-à-coup un chevreuil aboie.
Nous le découvrons qui courre dans les hautes herbes. Que fuit-il ? Il
lance encore quelques aboiements rauques depuis le bois de sapin mais ne se
montre plus. Pourtant quelques instants plus tard, il sort du bois sur notre
droite. Calmé, il progresse en broutant de ci, de là une touffe d’herbe
mouillée.
La famille castagneux pêche sur
l’étang. Le brouillard s’est levé mais le ciel reste laiteux. Tout est calme,
rien ne bouge. Cela fera bientôt trois heures que nous sommes là.
Le soleil perce enfin la brume
par instant. Quelques flaques d’une lumière dorée apparaissent. Quel
bonheur ! Le chevreuil repasse dans l’autre sens. Il se découpe bien sur
cet espace fauché récemment.
???? Nous ne sommes pas doués pour la détermination des champignons! :0{
Perchés au sommet de la tour
Priesse, nous découvrons la vaste zone de quiétude, semée de mares, de bosquets
de sapins, de quelques buissons. Au loin, les moutons qui contribuent à
l’entretien du site paissent paisiblement. La rivière dévale joyeusement la
prairie à nos pieds. Dans les hauts sapins qui nous entourent rouge-gorge,
mésanges et roitelets volettent en tout sens. A nous de les attraper !
Rouge gorge
Mésange noire (parus ater)
Pipit des arbres (Anthus trivialis)
Pour changer, je m’offre une
petite balade le nez au ras des pâquerettes.
Tristan (Aphantopus hyperantus)
Hespérie de la Houque (Thymelicus sylvestris)
Procris (Coenonympha pamphilus)
Piéride du navet (Pieris napi)
Agrion jouvencelle (Coenagrion puella)
Jeune pouillot (?)
Satyre puant (Phallus impudicus)
Durant de longues minutes plus
rien ne bouge. Le soleil écrase la lande d’une lumière dure. Un pic vert passe
en vol. Un geai le croise. Une grenouille croasse… on s’assoupirait bien bercés
par cette atmosphère tranquille quand tout-à-coup, sans un bruit, une biche
sort du bois et broute l’herbe sèche.
Régulièrement elle lève la tête
et tend les oreilles dans notre direction. Elle ne peut nous voir mais entend
peut-être nos déclencheurs… Non, car rassurée, elle se remet à paître. Une
autre bête la suit, passe la tête mais ne sort pas des sapins. Une dizaine de
minutes plus tard, la biche retourne à couvert et se soustrait à notre vue.
Nous reprenons notre attente
silencieuse. Après un long moment de torpeur, le matin pêcheur se pose au
sommet d’une branche fine plantée dans l’eau. Il scrute la surface et plonge
subitement pour aller se poser un peu plus loin. Quelle rapidité !
Doucement le soleil descend sur
l’horizon et l’ombre envahit petit-à-petit la plaine devant nous. A l’orée du
bois par contre, la lumière est parfaite. Il y manque juste un animal !
Mais … en voilà ! Il s’agit
d’une grosse laie accompagnée de deux ou trois bêtes rousses et d’une série de
six marcassins !
Une fois à découvert la femelle
lève le groin, hésite, puis traverse au petit trot toute la prairie suivie de
toute sa petite famille. Ils disparaissent sous les arbres mais nous retrouvons
la laie à la sortie du bois dans les hautes herbes. Le reste de la compagnie
est invisible, sans doute cachée par la hauteur de la végétation.
Les ombres s’allongent, la
lumière faiblit. Cela fait treize heures que nous sommes là à scruter, observer,
contempler ce coin de nature au milieu de ce massif forestier. Journée de
quiétude, de calme, de ressourcement. Mais ce n’est pas fini. C’est une buse
(ou une bondrée ?) qui maintenant vient se poser sur les hauts arbres
devant nous.
Les bergeronnettes se poursuivent.
Le martin entame la toilette minutieuse de son beau plumage coloré.
La température fraîchit. Le
soleil s’est couché ou du moins il n’éclaire plus la plaine devant nous. Mais
voilà un chevreuil qui sort de la haie et s’avance vers le bord de l’étang. Des
cris d’enfants le font hésiter. Prudemment il regagne l’abri des arbres pour
ressortir juste devant nous ! Il émerge d’un buisson et traverse calmement
l’espace découvert devant l’observatoire. Magnifique !
En une fois le vent se lève et
secoue la hêtraie. L’eau se plisse, la forêt
chante ! Le vent s’engouffre par les ouvertures de notre affût Je
remonte la fermeture éclair de mon polaire. Il est vingt et une heure !
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