6 avril
Tchip,
tchap, tchip, tchap, tchip, tchap …. le pouillot véloce est en voix sur la
rivière! Le niveau de l’eau a un peu baissé. Un groupe de pêcheurs a envahit
notre coin d’affût habituel. Nous avançons donc en amont. Très vite nous
apercevons les cincles. Ils nourrissent au nid.
Les
premières primevères ouvrent leurs corolles jaunes dans la végétation fanée de la berge. Malgré les températures hivernales
le printemps est bien là. Plus loin ce sont des touffes de perce-neige qui
éclairent de leurs fleurettes blanches les rives broussailleuses.
Tout
autour de nous les oiseaux chantent. Je me suis assise le long de l’eau et
savoure cette nature qui m’entoure.
Luc
s’est mis en affût en aval. Une grive musicienne me charme de son chant fluté.
Plus loin sur la rivière le couple de bernaches vaque à ses occupations. Je les
observe couchée sur la berge quand deux cincles passent au ras de l’eau à toute
vitesse. Ils se poursuivent en criant. Jeux amoureux ? Bagarre de
mâles ?
Un
grimpereau escalade l’aulne qui trempe ses racines dans l’eau bouillonnante.
Trois pouillots volètent dans les broussailles qui surplombent l’onde….
Quelle
excitation chez ce couple de cincles! Ils crient, « chantent », se
poursuivent une fois dans un sens, une fois dans l’autre. Parfois ils se
posent mais directement ils reprennent
leurs folles courses.
Je
suis planquée derrière un agglomérat de ronces. Un des oiseaux se pose juste en
face de moi mais j’ai à peine le temps de tirer une photo qu’ils redémarrent
bruyamment. Entre deux passages et quelques démêlés avec les ronces qui
s’accrochent dans mon filet je joue avec un troglo qui explore la berge
opposée. Petite boule rousse qui se découpe sur le vert de la mousse.
Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes)
Mais
les voilà qui reviennent ! Ils se « battent » dans l’eau !
Je déclenche en rafale sur les deux forcenés qui se roulent dans des gerbes
d’éclaboussures, s’accrochent, se
secouent…. Pas assez de vitesse. Je monte en iso. Tire encore. Si ce
sont des amours, elles sont tumultueuses.
Après
cet épisode, le calme revient sur la rivière. Nous les voyons encore tous les
deux et même s’ils volent encore rapidement ce n’est plus l’excitation de la
tout de suite.
Cette
fois je suis couchée sur le sol, enroulée dans mon filet. Je suis face au nid,
derrière la pile opposée du pont. J’attends…. Tout comme les oisillons dont
j’aperçois les becs qui passent par l’ouverture de la boule de mousse. Deux
becs qui apparaissent, disparaissent.
Régulièrement
les adultes se posent sur une pierre face au nid, le bec rempli de larves et
autres petits crustacés. L’oiseau jette un œil à droite, à gauche et d’un coup
s’élève vers le nid où il enfourne sa brochette d’invertébrés dans un des becs béants
avant de se relancer tout aussi vite à la recherche de la becquée suivante.
L’autre adulte fait de même juste après. Le tout n’a duré qu’une fraction de
seconde.
Mais,
je me rends compte que ce ne sont pas deux becs mais quatre affamés qui
attendent leur pitance. Le couple parental a fort à faire ! Tout au long
de l’après-midi nous assistons à la pêche des adultes et au nourrissage des
jeunes. Luc s’est collé au pilastre sous ses filets pour immortaliser cette
activité. Quand la position couchée me
devient intenable (il n’y a que quatre degrés), je le rejoins et à mon tour me
colle à la pierre. Lui s’installe un peu plus loin afin d’avoir un autre point
de vue.
Quel plaisir d’observer le manège de ces oiseaux étonnants ! Des
rougegorges et un roitelet huppé volètent au bord de l’eau. Deux pouillots se
poursuivent dans les branches d’un aulne. Un couple de bergeronnettes nous survole
en poussant de petits cris mélodieux…. Il n’y a pas à dire : c’est le
printemps, quoi qu’en dise la météo !
Roitelet huppé (Regulus regulus)
Rougegorge famillier (Erithacus rubecula)
Huit
heures que nous sommes sur place. Nos articulations raidies nous demandent
grâce. Nos cartes mémoires sont pleines…. Il est temps de rentrer ! Encore
une super journée comme on les aime !
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