14
avril
Il y a
de l’excitation chez les pêcheurs aujourd’hui : ça mord pour la première
fois depuis l’ouverture de la pêche ! Les températures douces de ce matin
(14°) en sont la raison. Il fait gris mais le soleil est annoncé.
Une
semaine de relative douceur et d’humidité, c’est ce qu’il fallait à la nature
pour se réveiller. Des tapis de fleurs éclairent berges et sous-bois :
primevères, anémones, tussilages…
Les
oiseaux s’égosillent à qui mieux-mieux, la rivière chante joyeusement ;
que demander de plus ? Pendant que Luc traque les oiseaux, je me concentre
sur les fleurs. Le nez dans l’herbe, couchée de tout mon long sur la terre humide, j’entame le dialogue
avec toutes ces fleurettes et leurs visiteurs.
L’œil
vissé au viseur j’entre dans un autre monde. J’escalade tiges et pétales, joue
à cache-cache avec de minuscules insectes, me reflète dans les gouttes de
rosée, je me faufile, m’évade, me perds….
Primevère élevée, Coucou des bois (Primula eliator)
.... coucou!
Escargot
Ficaire fausse renoncule (Ranunculus ficaria)
Perce-neige (Galanthus nivalis)
Anémone fausse renoncule (Anemone ranunculoides)
Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium)
Clandestine écailleuse (Lathraea squamaria)
Corydale creuse (Corydalis bulbosa)
Luc
travaille sur du nettement plus gros : nos amies bernaches. La femelle a
pondu et couve ses œufs sur un nid de paille sèche construit sur le même îlot
que l’an passé. Couchée, elle nous suit du regard. Sa tête et son long cou noir
ondulent au ras du sol comme un serpent. Elle ne nous lâche pas des yeux.
Malheur à celui qui oserait s’approcher ! Nous ne la dérangeons pas plus
longtemps et continuons nos pérégrinations. Le mâle se nourrit un peu plus loin.
Il déguste la végétation des renoncules aquatiques qui flotte entre deux eaux.
Vers
midi le soleil perce la couche nuageuse et nous dispense de sa chaleur
bienfaisante. Les insectes ne s’y trompent pas et commencent à voleter. Un beau
papillon jaune, un citron, survole ronciers et talus… sans s’arrêter. Dommage.
Je lui aurais bien fait un brin de causette !
Luc
s’est installé en affût le long de l’eau tandis que je pars en billebaude à la
chasse aux papillons.
Couchée
au soleil, au milieu des anémones, je savoure ce moment de bien-être. Je suis
merveilleusement bien. Je me fonds dans le paysage car une fauvette à tête
noire chante sur une branche juste au-dessus de moi et j’effraye deux cyclistes
qui ne m’avaient pas vue. ;0)
Je
suis bien, dans mon élément. La terre a le pouvoir de m’apaiser, de me
détendre, de me sécuriser. Et ce soleil qui me chauffe l’échine : quel
délice ! Le nez dans l’humus, sous les jupes des anémones sylvies, je joue
avec la transparence de leurs pétales. Un citron vient de passer toujours aussi
afféré ! J’en verrai bien d’autres mais jamais ils ne me permettront une
jolie photo.
Plus
loin, un bouquet de petits soleils, des tussilages, se prêtent de bonne grâce à une séance photos.
J’ai
rejoints Luc près du nichoir. Il est perplexe car le cincle n’a plus l’air de
nourrir. Je me faufile face au nid et force est de constater que celui-ci est
vide ! Sont-ils déjà sortis ? Mais alors nous devrions les apercevoir
perchés dans la végétation attendant patiemment leur pitance. Et les adultes
continueraient leur ballet incessant pour rassasier ces perpétuels affamés. Or
les cincles ne transportent aucune larve. Ils se nourrissent, se toilettent,
font la sieste…. Ils sont calmes. Trop calmes.
Nous
craignons que la nichée ait été décimée par un prédateur, sans doute un
corvidé. Car en début de saison, la nourriture est rare pour ces oiseaux et les
premiers nids sont systématiquement pillés…. Triste pour les cincles mais c’est
la loi de la nature. Ils vont recommencer dans quelques temps. Ils peuvent
faire trois nichées sur la saison.
Nous
avons vu un matin pêcheur aussi. Enfin vu, c’est un grand mot. Plutôt aperçu
cette flèche turquoise qui filait au-dessus de la rivière.
Nous
nous posons à nouveau le long du cours d’eau. On attend. On s’imprègne du calme
ambiant, du chant de l’eau qui cascade de pierre en pierre, de la douceur des
températures, de la beauté de la nature.
Gerris (Aquarius najas)
Un
troglodyte perché sur un bois chante le bonheur du printemps retrouvé !
Notre ami cincle se repose sur une branche au soleil… Douceur de vivre !
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